Deux jeunes femmes sur scène, elles se glissent, s’enveloppent, se détachent d’un rideau enduit de terre, il devient tube, matrice, voile, forêt profonde. Il y a aussi des objets en céramique, une tête d’âne, des pattes d’ours, une gueule de tigre, prêts à s’animer pour nourrir le jeu de la métamorphose, le thème du spectacle L’écho des creux.

Un spectacle pour lequel Renaud Herbin, directeur du Théâtre jeune public- CDN de Strasbourg a fait appel au bestiaire et au talent de la plasticienne Gretel Weyer.
Habituée des galeries et espaces d’exposition la jeune diplômée des arts décoratifs de Strasbourg a vu ses créations se mettre en mouvement. Sortie de la solitude de son atelier, elle a pris goût à une autre forme de travail.
En quoi votre travail habituel est- il différent de ce que vous avez proposé dans le spectacle L’écho des creux ?
Gretel Weyer : En soi il est différent parce que je travaille seule habituellement dans mon atelier, je peux avoir des liens avec d’autres artistes ou d’autres techniciens pour certains projets, mais c’est un travail qui est fait de manière solitaire alors que là j’ai réalisé des pièces, certes en lien avec mon univers, mais même moi quand je les fabriquais dans mon atelier en me disant qu’elles pourraient être utilisées comme ci ou comme ça, tout à coup en arrivant sur scène les interprètes les utilisaient d’une autre manière que ce que j’avais pensé. Une gueule que je voyais posée sur le visage, les comédiennes l’enfilaient sur le bras.
En tout cas, il y a eu tout un passage où tout d’un coup ce que j’avais pu imaginer des pièces s’est trouvé pris dans un autre univers, que ce soit parce qu’elles s’installaient dans la structure du scénographe Mathias Baudry, ou parce que les comédiennes les manipulaient différemment. Il y avait aussi quelque chose qui m’échappait et qui partait ailleurs. Il y a eu beaucoup de discussions sur le projet avec Renaud Herbin. Ce spectacle est le projet à la base de Renaud Herbin et d’Anne Ayçoberry dans lequel je suis venue m’infiltrer…… La thématique du spectacle est la métamorphose, c’est quelque chose qui est déjà présent dans mon travail.

Les matériaux utilisés pour le spectacle sont les matériaux que vous utilisez habituellement ? Il y a aussi ce grand rideau de terre qui produit des images magnifiques.
G. W. : On a fait beaucoup de recherches très techniques autour du matériau terre. Nous avons travaillé sur un rectangle, un drap de deux mètres sur trois, enduit de barbotine de porcelaine…techniquement improbable ..Il y a aussi le regard du scénographe qui est venu trouver le système de déploiement de ce tissu qui devient robe, ou tube ….
C’est un spectacle sur la métamorphose, sur « jouer à » ?
G.W. : C’est un spectacle où les deux comédiennes passent d’un endroit à un autre, même des fois, elles sont dans des entre-deux, ça crée des chimères, elles sont aussi dans un jeu de miroir et cet espèce de jeu que l’on a quand on est enfant de s’imiter ou de se chercher, en tout cas il y a plein de codes qui sont sur « faire semblant de » mais être vraiment, parce que si les comédiennes n’y croient pas on n’y croit pas non plus.
…En tout cas, ça donne envie de poursuivre, ça ouvre à d’autres univers il y a un travail qui se fait de manière plus rapide parce qu’on est en interaction avec quelqu’un et du coup ce n’est pas juste nous qui réfléchissons seule dans notre atelier, mais c’est une discussion et cette interaction crée une émulation et une rapidité de la pensée qui est très intéressante et qui m‘a beaucoup plu … et aussi l’idée que ça parte et que ça vive sans moi c’est un peu comme une exposition , même si c’est différent. Là il y a des interprètes qui manipulent mon travail et qui vont le faire évoluer, par exemple les pattes d’ours en céramique existaient déjà dans mon travail mais là de les voir habitées et en mouvement c’est un truc qui est génial.
Une interview de Monique Seemann.

L’écho des creux est encore à voir jusqu’au 26 novembre 2019 au TJP de Strasbourg puis en tournée :
MONTBÉLIARD – MA Scène Nationale – Pays de Montbéliard : du 3 au 5 décembre 2019
PESSAC – Festival Sur un petit nuage : les 18 & 19 décembre 2019
NANTERRE – Maison Daniel-Féry : du 21 au 26 janvier 2020
PARIS – Théâtre Dunois : du 29 janvier au 7 février 2020
LILLE – Le Grand Bleu, Scène conventionnée d’Intérêt National Art, Enfance et Jeunesse : du 4 au 7 mars 2020
PORTO – Teatro Municipal do Porto : du 12 au 14 mars 2020
GENÈVE – Théâtre Am Stram Gram : du 19 au 22 mars 2020
COURNON-D’AUVERGNE – Festival Puy-de-Mômes : les 17 & 18 avril 2020
LYON – Théâtre Nouvelle Génération / Centre Dramatique National : du 12 au 17 mai 2020