Avec le Festival RING 2018, du 12 au 20 avril 2018 à Nancy, le théâtre, sous l’impulsion de la Manufacture CDN Nancy-Lorraine, est allé se frotter aux nouvoelles technologies et usages du numérique. Dire le monde aujourd’hui en intégrant les nouvelles possibilités que permettent la révolution technologique en cours. Donner à voir et à entendre de nouvelles formes de narration, mais aussi le temps de réfléchir à ce que cette mutation provoque dans notre relation au monde, aux autres, à soi.
Une partie de l’équipe de szenikmag a posé son camp de base au Théâtre de la Manufacture pendant le week-end d’ouverture du Festival RING 2018, la biennale transdisciplinaire — théâtre, musique, performances, installations, débats — pour y rencontrer quelques-uns des artistes présents et partager ces moments via les réseaux sociaux de szenik.
Premier rendez-vous de ce focus szenikmag : MICHEL DIDYM, directeur du Théâtre de la Manufacture CDN Nancy Lorraine, metteur en scène de « Stage your city », en création mondiale pendant le festival, et instigateur avec de nombreux partenaires de ce stimulant rendez-vous nancéens..
Question évidente : théâtre et nouvelles technologies, une longue histoire d’exploration commune.
Jeudi 12 avril 2018
Pris par la première mondiale de sa création « Stage your city », spectacle mêlant théâtre, déambulation urbaine, réalité augmentée et réalité virtuelle (spectacle sur lequel nous reviendrons un peu plus tard), ce n’est pas Michel Didym, directeur de La Manufacture et directeur artistique de RING, qui nous détaille les grandes lignes du rendez-vous, mais Jean Balladur, directeur-adjoint du CDN.
Interview avec Jean Balladur : l’esprit et la programmation de l’édition de RING 2018
Extrait de la cérémonie d’ouverture du Festival
Quelle inauguration ! Pour cette édition consacrée aux hybridations et expériences croisées entre le théâtre et le numérique, quoi de plus normal que Michel Didym, directeur de la Manufacture, après les discours officiels, se fasse épauler par « Valentin ».
Qui est Valentin ? Jetez un oeil sur la vidéo.
Bravo au passage aux étudiant.e.s de l’École des Mines Nancy pour cette brillante réalisation technologique. Avec le brin d’humour de circonstance.
À peine le temps d’atterrir dans le Festival RING, nous voici tout de suite au coeur du sujet de l’édition 2018 du festival : au croisement du théâtre, du numérique, de l’art et de la politique. Et de l’émotion… Rencontre avec Julien Guyomard, auteur et metteur en scène de la pièce « Syndrome U » (Cie Scena Nostra).
« Stage your city » création de Michel Didym
Samedi 14 avril 2018
Rencontre avec Arnaud Troalic autour de la performance « POLIS » (Compagnie Akté) sur la quasi mythique et toujours fascinante Place Stanislas.
Une performance interactive destinée à l’espace public. La parole comme outil d’invention et d’émancipation. Au centre cette performance, la question du bonheur.
Un spectacle qui se pose volontairement dans la rue et se frotte à une forme de « réalité ».
Retour au Théâtre de la Manufacture.
Pour aller de Nancy à Santa Fe pour vivre une vie de cowboy, nul besoin de longues heures de chevauchée. Il suffit d’une scène de théâtre, d’une connexion au web et d’un comédien inspiré.
Rencontre avec Raphaël Guisset aka Raphaël Worldwidewestern West sur Facebook (Compagnie des Particules) autour de son spectacle « Worldwidewestern » .
Le « western » dans la pièce n’est qu’un prétexte pour emmener un homme, seul, dans un voyage bien plus intérieur. Une errance intime dans l’immense www.
Le Festival RING 2018 à Nancy : théâtre et numérique. Théâtre, performances, installations, concerts… Et c’est aussi ça ! La grande soirée festive LIMEDIA PARTY #1 Ça commence !! Concerts, projections vidéo, danse, performance, dj sets et mapping au CDN Nancy Lorraine, la Manufacture par les collectifs RAS, CTL et LNVRS team. Dans les salles et dans la cour du Marronnier.
Et ce n’est que le début de la soirée.
La soirée bat son plein à La Manufacture.
Dimanche 15 avril 2018
Un homme sort de la gare, un sachet plastique dans sa main gauche. Il traverse le parvis et croise des personnes plus ou moins pressées de rentrer chez elles ou de grimper dans le train. Silence. Si ce ne sont les bruits de la ville, un dimanche en début de soirée sur une place devant une gare.
Le quotidien… Si ce n’est la présence, un peu plus loin au centre de la place, d’une chaise, d’un micro et deux enceintes. D’un public aussi.
Le rituel peut commencer.
Lentement, déjà dans une concentration extrême, l’artiste bande ses mains avec un ruban de tissus noir.
Deux poings désormais noirs.
Le performer saisit une liasse de feuilles dactylographiées.
Sa voix alors remplit la place publique.
Début de la prophétie de l’oracle.
Dans ses mots et son corps, l’amour et la révolte, et les soubresauts du monde. Celui du dehors et celui du dedans. Un texte tranchant comme un rasoir. Aller gratter jusqu’à l’os il faut.
Notre gorge se noue. La ville entière semble suspendue à ses lèvres, à ses respirations.
Puis il se lève, se déshabille, enfile un short et des gants de boxe.
La danse évoquée un peu plus tôt dans son texte peut alors commencer. Après les mots c’est le corps de l’oracle qui parle.
Extrait de la performance, poésie urbaine / danse, « Oracles # 4 » d’Otomo De Manuel, dimanche fin d’après-midi, place de la gare à Nancy.
Une claque cette performance. Un coup de poing au plexus. Un moment d’intense humanité aussi.
Le contraste avec l’installation/performance « Polis » d’Arnaud Troalic qui se déroule au même un peu plus loin sur la Place Stanislas est fort, mais les deux interventions, chacune à leur manière disent notre fragilité et notre force. Aller au plus intime, au plus sensible, au plus fragile, pour alors imaginer pouvoir retrouver la sensation de faire partie d’une communauté, ouverte, accueillante, à hauteur d’hommes et de femmes.
À peine le temps pour nous de nous remettre d’ « Oracles # 4 » qu’il est l’heure de prendre le train du retour. La tête pleine d’émotions fortes. Un week-end d’ouverture au Festival RING 2018 décidément stimulant et passionnant.
Cette année le festival de théâtre de Nancy s’empare du numérique. Les frottements et les croisements sont féconds et enthousiasmants. Une belle façon de « Stage your city ». Pour reprendre le titre de la création de Michel Didym. Faire de la ville un théâtre. Et du théâtre un lieu ouvert.
Merci +++ à toute l’équipe de CDN Nancy Lorraine, la Manufacture (spécial big up à E. D.) pour l’accueil si chaleureux et de nous avoir rendu le séjour si agréable, malgré notre emploi du temps qui ressemblait déjà à une forme de performance. Que dire de celui de l’équipe du théâtre, mobilisée sur tous les fronts et toujours souriante, disponible.
Entretiens et reportages : alain walther / szenik