La nuit pour voir

Pour l’édition 2025 du festival Théâtre en mai organisé par le Théâtre Dijon Bourgogne, Quentin Vigier met en scène l’œuvre d’Anne Dufourmantelle La nuit pour voir !

Pour sa première création en tant que metteur en scène, le vidéaste Quentin Vigier, collaborateur de longue date de Maëlle Poésy, choisit de nous offrir une expérience sensorielle et plastique autour du rêve. Touché par la douceur du travail de la philosophe et psychanalyste Anne Dufourmantelle, il s’appuie sur ses textes pour imaginer une écriture fragmentée qui creuse entre les mots et les images. Le plateau, traversé par des projections vidéo qui peignent des paysages imaginaires, devient un espace fantasmatique, poétique et sauvage, habité par la comédienne Stéphanie Marc et la circassienne Viola Baroncelli. L’accompagnement live au synthé, clavier ou sampling du muscien Félix Dupin-Meynard offre un environnement sonore où la rêverie peut prendre son essor. Coproduit par le Théâtre Dijon Bourgogne, La Nuit pour voir sort de toute logique pour nous emmener dans ce parcours initiatique porté par la joie. Quentin Vigier réveille l’enfant qui sommeille en nous, nos traumas et nos rêves, pour nous aider à accueillir notre côté sombre à travers une proposition généreuse et touchante, à l’image des textes d’Anne Dufourmantelle.

Le projet de Quentin Vigier s’articule autour des textes de la philosophe, « enveloppé par son œuvre et les portes qu’elle ouvre ». Il découvre d’abord Éloge du risque, qui interroge le principe de précaution comme norme et salue le risque en ce qu’il ouvre un espace inconnu. « D’abord, il métabolise l’instant de la décision, et donc notre rapport intime au temps. Il est un combat dont nous ne connaîtrions pas l’adversaire, un désir dont nous n’aurions pas connaissance, un amour dont nous ne saurions pas le visage, un pur événement. Et si le risque traçait un territoire avant même de réaliser un acte, s’il supposait une certaine manière d’être au monde, construisait une ligne d’horizon… » Il est déjà question du rêve. Il a également collecté différents matériaux venant d’elle, des extraits de livres, musiques ou tableaux qui l’inspirent (elle), a enregistré sa voix et monté des bouts d’interviews, suivant son intuition que ce que la psychanalyste appelle « la scénographie des rêves » pourrait constituer une vraie base de travail pour le plateau. En faisant dialoguer son écriture plastique – pluridisciplinaire, faite d’arts du cirque, de musique electro, de vidéo, etc., avec l’écriture d’Anne Dufourmantelle, il invente une poétique de la sensation, ni linéaire ni narrative, qui donne à voir et à ressentir ses mots.