Ni sens, ni espoir
Thomas Ostermeier, l’un des metteurs en scène les plus prégnants de notre siècle, se consacre à un classique russe : La Mouette, d’Anton Tchekhov. Une comédie vascillant entre frustration, nostalgie et sens de la vie.
On peut dire de lui qu’il est le plus frenchy des metteurs en scène allemands : président du Haut Conseil culturel franco-allemand, ses pièces sont reprises autant en français que sur les scènes allemandes. Estimé par de nombreux metteurs en scène talentueux, Ostermeier a d’ailleurs été lauréat du Lion d’or à la Biennale de Venise. Son dernier projet est à découvrir à Reims : une œuvre importante du célèbre écrivain Tchekhov.
C’est une pièce difficile à mettre en scène : la première représentation en 1896 fut à l’époque un véritable échec mais devint, quelques années après avec de nouveaux metteurs en scène, une de ses créations les plus estimées… Une pièce dont le succès dépend donc de la mise en scène, aujourd’hui entre de très bonnes mains avec Ostermeier.
La pièce se centre sur Treplev, un jeune auteur méprisé par sa mère, qui rêve d’être reconnu comme artiste radical et révolutionnaire. Il présente sa première mise en scène aux vieux habitants d’un village provincial russe, ainsi qu’à sa mère, très critique. Sang et rituels archaïques imprègnent sa pièce et ont dessin de provoquer le public, mais Treplev reste incompris et suspect pour tous. L’amour caché de sa mère, une amante qui ne l’estime pas lui mais l’ami de sa mère… Le jeune auteur ne subit qu’amours déçus. Et même après être reconnu comme il le désire, ces derniers ne changent pas. Désespérance, nostalgie, amour et solitude nourrissent la pièce de Tchekhov et lui donnent le symbole d’une mouette : libre, sans réserve, indépendant de toutes attentes et de toutes conventions. Et pourtant, tuée sans raison.
Ostermeier a réussi, par sa maîtrise de la mise en scène, à faire transparaître les sentiments de chaque personnage et nous propose une interprétation à la signature personnelle et vivace. (C.S.)
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