On la connait sous le nom de mademoiselle Maria K, elle anime ici et ailleurs de nombreux ateliers de clown, elle a signé, il y a deux ans, la mise en scène d’un très beau Beckett, La dernière bande joué par le clown François Smoll. Et voilà Cécile Gheerbrant, de retour sur scène, qui court la dernière ligne droite avant sa nouvelle création.
Au commencement il n’y avait rien, pas d’histoire, pas de sujet, rien, juste un nez rouge. Et puis ont émergé des rencontres, un danseur de hip hop, des costumes, des accessoires. Et mystère de l’art, au bout de longues semaines d’improvisations, Cécile Gheerbrant, nous propose une traversée de tous les âges de la vie, un voyage dans le cerveau de sa clown, installée à Strasbourg, depuis plus de quinze ans.

Interview avec Cécile Gheerbrant
« Cette fois j’ai pris tous les risques, je voulais mettre en jeu une partie de mon travail clownesque. Je ne voulais pas de thème, j’ai fait un Médée clownesque où je déroulais toute la tragédie de Sénèque, ma clown, Mademoiselle Maria K, jouait tous les personnages , après j’en ai fait un sur le thème de la règle parce que ça me paraissait intéressant avec un clown qui par essence ne respecte pas les règles, soit parce qu’il n’y arrive pas, soit parce qu’il ne veut pas, un travail sur les règles du monothéisme, j’ai toujours un sujet qui me porte…
Cette fois rien. J’ai eu envie de démarrer sans titre, sans thème. Je savais que j’avais envie de moins parler, parce que je suis moi-même bavarde, du coup ma clown est très bavarde. J’avais envie de travailler le corps de manière un peu plus approfondie.
Je connaissais Sébastien Vela-Lopez, de la compagnie Mira, je trouvais qu’il y avait de l’humour dans ses chorégraphies. Le désaxage du corps que propose le hip hop et la poésie qui s’en dégage, donnent une étrangeté au corps. Ils ont élargi mon univers de clown.
« Petites morts », le titre on l’a trouvé très tard. Je voulais attendre que le titre arrive comme une évidence.
Le mot mort n’est effectivement pas très sexy dans un titre, mais la petite mort au sens littéraire, c’est un orgasme, c’est quelque chose de plutôt sympathique. Le plaisir. On peut dire la mort aussi quand il y a renoncement, ou deuil, pas forcément le deuil au sens de la perte de l’être cher, même si cela sera présent aussi. On l’a mis au pluriel, chaque spectateur y verra ce qu’il a envie d’y voir.»

Cécile Gheerbrant , la clown bavarde, animée par le verbe et l’émotion, a travaillé sous le regard de François Smoll, un clown muet.
Le spectacle, mis en scène par Catriona Morrison, doit beaucoup à la multiplicité des énergies d’un collectif dans lequel chacun est comme le dit Cécile « un morceau de la bête ». En tout cas « les oreilles et la queue » du nom de sa compagnie.

Petites morts
Conception, écriture, jeu Cécile Gheerbrant
Chorégraphie et danse Sébastien Vela-Lopez
Mise en scène Catriona Morrison
Regard clownesque François Small
Lumière Ben Diafora
Son Sarah Brabo-Durand
Accessoires et décor Olivier Aguilar
Fripes Aude Koegler
Régie Marie-Jeanne Assayag-Lion, Olivier Aguilar
Production, administration et photos Agnès Weill
Du 21 au 25 janvier 2020 au TAPS à Strasbourg.
Entretien mené par Monique Seemann en janvier 2020 au TAPS, Strasbourg.
Photos : Agnès Weill