La douceur des cerises
Le metteur en scène iranien Amir Reza Koohestani transforme La Cerisaie de Tchekhov en un club de jazz délabré. Entrez dans l’univers très personnel d’un remarquable homme de théâtre.
Je me rappelle d’un retour de vacances, de Hongrie. En arrivant à la maison, on allait jeter un coup d’œil à notre jardin. Dès que je descendais de voiture, j’apercevais cet océan de cerisiers et me laissais envahir par cette atmosphère sucrée. Aujourd’hui encore, quand j’y pense, je peux sentir ces effluves fruitées…
Dans les textes de Tchekhov, il est souvent question de gens qui se languissent, d’une nostalgie des temps passés, de la haute société et de sa décadence. Dans La Cerisaie, les propriétaires Ranevskaïa et son frère Gaïev sont au bord de la faillite. Le seul moyen de s’en sortir serait de vendre la cerisaie. Mais ils ne veulent pas en entendre parler, et le peu d’argent qu’il leur reste, ils le jettent par les fenêtres. Est-ce que c’est une manière de gérer leur désarroi, ou est-ce que, comme moi, ils ont un lien trop fort avec cet endroit ?
De manière très personnelle, Amir Reza Koohestani se saisit de ces personnages étrangers à tout changement. Lui qui est connu dans le monde entier pour ses mises en scène, comme Hearing, déplace ici cette histoire dans un vieux club de jazz. Pour découvrir comment il transpose la société russe de Tchekhov dans ce lieu inédit, il va falloir se rendre au théâtre de Freiburg. Une belle manière d’entamer la saison !
Avec
Marieke Kregel (Warja), Laura Angelina Palacios (Dunjascha), Anja Schweitzer (Ranjewskaja), Rosa Thormeyer (Anja), Tim Al-Windawe (Trofimow), Martin Hohner (Lopachin), Lukas Hupfeld (Jascha), Holger Kunkel (Gajew), Hartmut Stanke (Firs)
Photo : Birgit Hupfeld